Ian Prior, international zimbabwéen, est honnête : il est difficile d’ignorer l’enjeu du week-end.
Champions d'Afrique en titre, les Sables affronteront la Namibie ce samedi 19 juillet à Namboole, en Ouganda, avec à la clé une qualification directe pour la Coupe du Monde de Rugby 2027.
Alors que la Namibie n’a manqué aucune édition de la Coupe du Monde de Rugby depuis ses débuts en 1999, le Zimbabwe, lui, n’a plus participé au tournoi depuis 1991, lors de sa deuxième et dernière apparition.
Australien de naissance, mais fils de parents zimbabwéens, Ian Prior est particulièrement emballé à l’idée de représenter le Zimbabwe sur ses terres lors d’une Coupe du Monde.
« C’est pour ce genre de match qu’on joue. On veut disputer des finales. Ce genre de rencontre peut changer le cours d’une carrière, pas seulement pour les joueurs, mais aussi pour les dirigeants, les coachs. C’est hyper excitant, et c’est génial d’en faire partie ce week-end », a déclaré l’ancien joueur de la Western Force.
« On s’est offert une opportunité, et c’est très satisfaisant, vu tout le travail accompli ces 12 à 18 derniers mois par énormément de personnes, au sein du groupe comme en dehors, pour en arriver là. »
« Et maintenant, il faut savourer. Jouer pour une place en Coupe du Monde, c’est quelque chose de très fort, et ce qui est génial du point de vue collectif, c’est qu’on n’a pas encore joué à notre plein potentiel dans ce tournoi. »
UNE MACHINE À MARQUER
Le Zimbabwe a dominé le Maroc 43-9 en quart de finale, malgré des conditions humides et un adversaire accrocheur, avant de s’imposer dans un superbe duel contre le Kenya 29-23 en demi-finale, dimanche dernier.
Les Sables sont réputés pour leur jeu ouvert et leurs essais spectaculaires venus de loin plus que pour leur jeu au pied.
Pourtant, c’est le pied de Prior qui a été décisif lors des deux rencontres, avec 37 points inscrits – soit un peu plus de la moitié du total de son équipe – dont un drop crucial en fin de match face aux Simbas kenyans.
« On a vécu un premier match marqué par l’humidité et, dans le deuxième, le Kenya nous a mis sous pression en défense. Ils étaient très physiques, on n’a pas vraiment réussi à déployer nos attaques autant qu’on l’aurait voulu. »
« Mais je trouve qu’on s’est bien adaptés, en montrant qu’on est une vraie équipe de test-match dans la façon dont on a su ajuster notre jeu aux conditions et aux profils des adversaires. »
Prior s’attend à un autre combat physique contre la Namibie, une équipe que le Zimbabwe avait battue 32-10 en demi-finale l’an dernier – leur première victoire contre les Welwitschias en 23 ans et seulement la troisième de leur histoire.
« C’est une équipe de qualité, elle l’a montré au cours de ses sept dernières campagnes en Coupe du Monde », a-t-il souligné.
« C’est un groupe bien structuré, qui va nous mettre sous pression défensivement, très solide en conquête, et ce sera à nous d’utiliser nos atouts, de bien gérer notre jeu pendant les 80 minutes. »
« Au final, c’est ça qui compte : qui sera le plus propre sur 80 minutes. »
FAIRE BASCULER LE DESTIN
Prior a remporté le Super Rugby avec les Queensland Reds et fait partie du trio de joueurs de la Force à avoir franchi la barre des 100 matchs, avant de mettre un terme à sa carrière professionnelle l’année dernière.
Il aura 37 ans au moment du coup d’envoi du prochain Mondial, et participer à une Coupe du Monde avec le Zimbabwe serait une manière idéale de tirer sa révérence.
« Je ne me souviens pas vraiment des campagnes précédentes ni de la dernière fois où on a atteint la finale avec une chance de se qualifier. Je ne me souviens même plus de la dernière fois où c’est arrivé. Donc arriver là par nos propres moyens, c’est vraiment quelque chose de grand », a-t-il expliqué.
« Évidemment, cette Coupe du Monde, c’était un objectif personnel pour continuer à m’accrocher, à me lever à 5h30 pour aller à la salle avant d’aller bosser, puis revenir, récupérer les enfants, et repartir m’entraîner seul, parce que je ne suis plus dans un environnement pro à plein temps. Je ne fais que taper des ballons dans le parc du coin ou sur les terrains de mon club, l’Associates RUFC. »
« C’est presque un retour aux sources, comme à mes débuts, quand je me battais pour devenir pro, avec des journées à rallonge, entre le boulot, les études, et l’entraînement. Aujourd’hui j’ai une femme et une jeune famille. »
« Ils ont été très compréhensifs face aux sacrifices que j’ai dû faire. C’est du temps que j'ai passé loin d’eux, donc j’ai vraiment envie que tout ça serve à quelque chose samedi. »
En six sélections, Prior a inscrit 80 points et reste invaincu avec le maillot du Zimbabwe, un maillot qu’il porte avec fierté.
« J’ai joué 14 ans en Super Rugby et j’ai toujours rêvé de jouer des tests internationaux. Représenter mon pays d’origine, celui de ma famille – je suis le seul né en Australie – c’est quelque chose de vraiment spécial », a-t-il confié.
« UNE EXPÉRIENCE INCROYABLE »
La fierté nationale est également une valeur forte pour Jacques Burger, sélectionneur de la Namibie.
Le troisième ligne intrépide a disputé trois Coupes du Monde avec la Namibie, et il espère participer à une quatrième cette fois en tant qu’entraîneur, pour permettre à ses joueurs de vivre ce qu’il a vécu en 2007, 2011 et 2015.
Les Welwitschias sont toujours en course pour une huitième participation consécutive, après leur victoire 21-7 sur l’Algérie en demi-finales de la Coupe d’Afrique.
« C’est une fierté difficile à décrire, être là, chanter son hymne national, en sachant que des gens vous soutiennent chez vous et aussi dans le stade », a déclaré Burger.
« Avoir l’opportunité d’affronter les meilleurs joueurs du monde, c’est une expérience incroyable, et j’ai eu la chance de la vivre. »
« Tous ceux qui sont ici, toutes les équipes, se battent pour ça, pour cette opportunité de représenter leur pays sur la scène mondiale. »
« Une carrière ne dure qu’un temps, mais les souvenirs qu’on crée en tant que joueur restent pour toujours. »
« On veut se créer de grands souvenirs ensemble et pour ça, il faut gagner. Il faut bosser dur, se battre et rester soudés dans les moments compliqués. »
« La Coupe du Monde, c’est l’objectif ultime et on fera tout ce qu’on peut pour se qualifier. »
Pour l’équipe qui s’inclinera ce week-end, tout ne sera pas encore perdu. Le finaliste malheureux affrontera les Émirats arabes unis la semaine prochaine lors du barrage Asie/Afrique, qualificatif pour le Tournoi Final de Qualification en novembre.
Photo : Rugby Africa