Lorsque Meg Jones a perdu ses deux parents en 2024, personne n’aurait été surpris qu’elle mette le rugby entre parenthèses.
Mais au contraire, ce drame a renforcé sa détermination à savourer chaque instant passé sur le terrain. Être nommée pour le titre de Joueuse de l’Année World Rugby à XV, à la veille de la finale de la Coupe du Monde de Rugby 2025, sonne comme une reconnaissance pour la centre anglaise de 28 ans, qui dispute son troisième Mondial.
« Perdre mes parents a été un énorme moteur pour moi », confie-t-elle. « Bien sûr que c’est difficile, mais je déteste me poser en victime. Je n’ai jamais été élevée comme ça. Ma mère et mon père n’auraient pas supporté ça.
« Je ne veux jamais qu’on ait pitié de moi. Mais même dans les moments les plus compliqués, on peut poursuivre ses rêves, accomplir ce pourquoi on est là, et transformer cette adversité en une vraie force. »
Encourager le pays de Galles avec son père
Née et élevée à Cardiff, Jones a découvert le rugby aux côtés de son père gallois (sa mère était anglaise), en regardant les matchs avec lui, avant de chausser les crampons à 10 ans… dans une équipe de garçons.
« Je jouais demi de mêlée et les garçons adoraient mon côté autoritaire, le fait que je leur donne des ordres. J’avais déjà cette énergie-là, et ça prouve à quel point ça a toujours fait partie de moi.
« J’adorais le contact, plaquer c’était énorme pour moi. Je détestais jouer au toucher ou au flag rugby, je voulais toujours aller au combat.
« Je n’ai jamais été bonne au hockey parce que je fonçais sur les joueuses. On me disait que ce n’était pas un sport de contact, alors on m’a mise gardienne, avec un peu plus de protection, où je pouvais plonger et m’imposer physiquement.
« Le contact et l’envie d’en découdre, ça a toujours été là… je ne sais pas pourquoi. Peut-être que je suis née avec. »
À défaut de modèles féminins, Jones admirait alors des joueurs comme Dwayne Peel ou Stephen Jones, au moment où le Pays de Galles s’affirmait sous l’ère Warren Gatland.
« On allait au pub avec mon père, on vibrait tous les deux. Il appelait Leigh Halfpenny ‘Thruppence’. Ce sont des souvenirs très marquants pour moi. Ce sont ces joueurs-là qui m’inspiraient.
« Et puis en 2014, pour la première fois, je me suis dit : "Wow, OK. Je suis capable de faire ça." »
« Crois en toi et montre ton cœur »
Trois ans plus tôt, Jones avait traversé le pont de Severn pour étudier en Angleterre. Elle y fera ses débuts avec les Red Roses en 2015, à seulement 19 ans, contre la Nouvelle-Zélande lors de la Rugby Super Series. Depuis, elle n’a plus quitté le groupe, tout en évoluant aussi avec les sélections anglaises et britanniques à 7.
Titulaire à chaque match du parcours anglais jusqu’à la finale du Mondial 2025, Jones est devenue une chouchoute des supporters. Sur le terrain, par son jeu généreux et ses charges pleines d’engagement. En dehors, par sa bonne humeur constante – malgré les épreuves traversées.
« Tous ces messages me réchauffent le cœur », dit-elle. « Je me sens tellement reconnaissante. Mais mon message reste simple : crois en qui tu es, montre ton cœur, n’aie pas peur de ça. C’est là que la vraie beauté se révèle.
« On est des humains, on a besoin de se connecter. Plus on sent qu’on a un but, plus on a envie de vivre pleinement. »