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Cynthia Ta'ala, ancienne capitaine des Samoa passée entraîneure

Nous avons rencontré l'ancienne capitaine des Manusina pour parler de sa carrière dans le rugby et des ambitions qu'elle nourrit en tant qu'entraîneure.

Cynthia Ta'ala, la dernière joueuse à avoir été capitaine des Samoa en Coupe du Monde de Rugby, fait tout ce qui est en son pouvoir pour aider les Manusina à revenir dans le tournoi phare l'année prochaine.

Cela remonte à plus de huit ans la dernière fois que les Samoa ont gagné leur place à la Coupe du Monde de Rugby 2014 contre vents et marées à Madrid. Les Samoanes devaient participer aux qualifications européennes pour gagner leur place en France. Et malgré la défaite lors de leur premier match contre l'Italie, l'équipe entraînée par feu Peter Fatialofa a quand même réussi à décrocher son billet pour la France à la suite de victoires contre la Suède et les Pays-Bas.

« C'était une campagne où personne ne nous donnait la moindre chance de nous qualifier. C'était émotionnellement difficile », raconte Ta'ala à World Rugby.

« Je me souviens très bien du dernier match, nous devions gagner et nous avons gagné, et plutôt bien gagné ; à tel point que je ne pouvais plus respirer ! Je me suis juste effondrée sur le terrain et j'ai pleuré tout ce que j’ai pu.

« En général, je ne pleure pas beaucoup… Mais là, tout est sorti ce jour-là. Je sentais un poids tellement énorme sortir de mon corps. »

Un retour à la Coupe du Monde de Rugby ?

Ta'ala est devenue capitaine des Samoa lors de la RWC 2014, quelques semaines seulement avant son 40e anniversaire, et a maintenant l'occasion d'écrire un nouveau chapitre de la belle histoire du rugby dans ce pays.

En tant qu'entraîneure adjointe des Manusina, elle a passé ces dernières semaines à travailler avec l'entraîneur Ramsey Tomokino pour constituer une équipe de joueuses australiennes et néo-zélandaises pour affronter les Wallaroos.

La série de deux tests-matchs a depuis été reportée en raison du Covid-19, mais Rugby Australia espère organiser ces rencontres historiques plus tard dans l'année.

Ta'ala et Tomokino s'étaient rendus en Australie il y a seulement deux semaines pour superviser les entraînements à Brisbane et à Sydney, et l'ancienne capitaine des Manusina était convaincue qu’ils étaient en mesure de sélectionner une équipe capable de rivaliser et de battre leurs hôtes.

Malgré le report, le voyage au-delà de la mer de Tasman n'a pas été une perte de temps car les deux entraîneurs ont eu l'occasion de tester un certain nombre de joueuses encore non capées.

Certaines pourraient bien participer à la Coupe du Monde de Rugby 2021, étant donné que les Samoa s’apprêtent à disputer le tournoi final de qualification.

« Se qualifier pour la Coupe du Monde de Rugby est notre objectif numéro un. On a commencé à remettre sur pied les Manusina en 2018, après avoir raté la Coupe du Monde de Rugby 2017 », se souvient Cynthia Ta'ala.

« Il y a eu de gros changements, puis un regain d'intérêt à jouer pour les Manusina en Nouvelle-Zélande et en particulier en Australie, ainsi que dans le monde entier. »

Un passage à vide

Cynthia a eu une année 2021 chargée. Parallèlement à ses engagements avec les Samoa, elle a aidé à entraîner l’équipe féminine de rugby à sept des Moana Pasifika, a répondu à un « SOS » pour gérer un club féminin amateur à Auckland, a été formatrice accréditée par World Rugby pour les entraîneurs et elle a fait partie du programme Ako Wāhine.

Son parcours vers l'entraînement n’est pas commun pour celle qui a été une grande sportive dès son plus jeune âge - elle a représenté la Nouvelle-Zélande dans les ligues de basket-ball et de rugby. Cynthia raconte avoir eu du mal à accepter l'idée que sa carrière de joueuse pouvait un jour s’arrêter. Elle-même repoussé au maximum sa retraite jusqu’à ses 43 ans.

« Lorsque je jouais, je ne voyais pas vraiment le temps passé, je voulais juste jouer », sourit-elle. « J'ai eu beaucoup de mal à prendre ma retraite. Je pense qu'il m'a fallu environ sept ou huit ans pour l’accepter.

« En fait, c’est assez dur d’accepter qu’il est temps de se retirer. Ce n'était pas facile et si je suis honnête - et cela pourrait profiter à quelqu'un qui lit cette histoire - je reconnais que j’ai un peu déprimé rien qu’en pensant à ma retraite ; je ne me projetais pas au-delà.

« Et lorsque je repense à cette période aujourd’hui, je me dis que j’ai sans doute traversé une dépression ; c’était un changement profond dans ma vie d’alors et je ne m’y étais pas préparée.

« Si je devais donner un conseil à quelqu'un qui approche de la fin de sa carrière, ce serait de se projeter dans autre chose que simplement joueur ou joueuse, tout simplement parce que ça ne dure pas éternellement et, malheureusement, il m'a fallu jusqu'à la fin de ma carrière de joueuse pour le comprendre.

« Vous savez, c'est ce que j'ai fait pendant longtemps, c'est ce que les joueurs font pendant longtemps, mais être joueuse n’est pas la seule définition de moi-même. Ce n'est qu'au cours des deux dernières années que je suis arrivée à cette conclusion. »

Comment elle est devenue entraîneure

Ta'ala explique que c’est le hasard qui l'a amenée à devenir entraîneure. En 2015, elle n'a pas pu participer à un tournoi national de rugby à sept en Nouvelle-Zélande. Puis, deux ans plus tard, elle a subi une blessure qui l'a empêchée de jouer et l’a poussée à raccrocher définitivement les crampons.

La même année 2017, Cynthia a commencé à travailler pour les comtés de Manukau en tant que responsable du développement du rugby féminin et c'est dans cette nouvelle fonction que son envie de devenir entraîneure s’est dessinée.

Séduite par l'opportunité d'offrir aux joueuses un environnement sûr dans lequel elles pourraient progresser tout en acquérant elle-même de nouvelles compétences, Ta'ala s’est fixée de nouveaux objectifs avec l'aide de l'ancien directeur des opérations de la fédération régionale, Dameon Chaney.

« Il a joué un rôle très important en m'aidant à définir mes ambitions et mes objectifs en tant qu’entraîneure. Et c’est à ce moment-là, en 2017, que je lui ai dit que je voulais devenir entraîneure internationale. Il m’a suivie, m’a conseillée et c’est comme ça que j’ai commencé à me former. »

Ta'ala aurait aimé que cette formation la conduise à prendre la tête des Manusina, mais pour le moment elle est reconnaissante envers la fédération et Ramsey Tomokino de lui avoir permis de progresser en tant qu’adjointe.

« Ramsey Tomokino et Lakapi Samoa ont été d'un grand soutien », assure-t-elle. « Je suis une femme, j'entraîne notre équipe des Manusina, c'est très rare et je ne prends pas cela pour acquis.

« Je suis pleinement consciente que ma mission peut se finir à tout moment. Même si j'ai ce titre en ce moment, je me donne à 100%, pour nos joueuses et pour honorer la confiance que Lakapi Samoa et Ramsey ont placé en moi.

« Ils me donnent beaucoup d'autonomie pour faire ce que je dois faire pour faire progresser nos avants. Ramsey supervise tout, mais j'aime qu'il me permette de faire mon truc et qu'il me laisse un peu de liberté. J'ai tellement appris de lui et je continue d'apprendre beaucoup de lui. »

Si Ta'ala parvient à qualifier les Manusina à la Coupe du Monde de Rugby 2021 en tant qu'entraîneure adjointe, ressentirait-elle autant de fierté que lorsqu’elle était capitaine à Madrid en 2013 ?

« Sans doute », reconnait-elle. « Reproduire le même schéma serait tellement énorme. Mais est-ce que je serais mieux armée émotionnellement ? Probablement pas ; je pense que je m'effondrerais aussi parce que ça aura été un long voyage pour en arriver jusque-là. Pas difficile, mais long. »

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