L’Espagne, auteur de cinq essais, a refusé de lâcher prise devant un public en feu, mais l’Irlande a tenu bon face à un sérieux test avant son dernier match de poule contre la Nouvelle-Zélande dimanche prochain.
Le film du match
La première mi-temps a été absolument captivante. Portées par une marée verte, les Irlandaises ont monopolisé le ballon pendant vingt minutes. Deux essais et un avantage de 12-0, récompense logique pour un pack impressionnant et des arrières tranchants.
Mais le scénario a basculé. Fidèles à leur promesse d’« arracher chaque mètre », les Espagnoles sont revenues dans le match grâce à leurs avants pleines d’énergie. Revenues à égalité avant la demi-heure de jeu, les Leonas ont emballé la rencontre, profitant des fautes répétées de l’Irlande.
Avec la capitaine Sam Monaghan contrainte de sortir sur blessure, l’élan semblait espagnol. Mais si l’Irlande occupe la 5ᵉ place mondiale, ce n’est pas par hasard : juste avant la pause, les avants ont repris les choses en main. Deux fois en quatre minutes, leur première ligne a écrasé la défense espagnole avant que le ballon ne soit rapidement écarté pour Eve Higgins puis Anna McGann. Les Irlandaises retrouvaient 12 points d’avance.
À la joie des spectateurs neutres, le chassé-croisé s’est poursuivi après la pause. Refusant de s’avouer vaincues, les Espagnoles ont profité d’une nouvelle erreur irlandaise au renvoi pour revenir à sept points. Deux nouveaux essais, dont celui de Cristina Blanco Herrera sur le coup de sifflet final, leur ont offert un bonus défensif largement mérité.
Mais comme tout l’après-midi, l’Irlande a répondu à chaque fois. La troisième ligne centre Grace Moore a signé deux courses décisives pour redonner de l’air aux siennes, avant qu’Enya Breen ne vienne sceller le succès vert.
Joueuse du Match Mastercard
Sans le pack solide de l’Irlande, ce match aurait très bien pu basculer du côté des Leonas. Et la pilier gauche Ellena Perry a été au cœur de tout ce que les Irlandaises ont bien fait. Six courses ballon en main, deux turnovers, 20 plaquages et 100 % de réussite en mêlée : pas mal du tout.
« On avait juste besoin de ballons d’attaque et de garder la possession. Ça n’a pas été facile mais on a gagné », a expliqué Perry, élue Joueuse du Match Mastercard. « Elles nous ont vraiment testées aujourd’hui. On savait qu’elles allaient sortir le grand jeu et elles nous ont poussées jusqu’au bout. Bravo à elles.
« Deux victoires bonifiées, on ne peut pas s’en plaindre, mais on a aussi beaucoup de leçons à retenir cette semaine et un gros match à venir [contre la Nouvelle-Zélande] à Brighton. »
Réaction des entraîneurs
Scott Bemand, sélectionneur de l’Irlande
« Sept essais, ça ne se boude pas. Il y a eu de belles actions, de la variété. On est bien sortis des blocs contre une Espagne pleine d’énergie, en défense comme en attaque, et on pensait avoir pris le dessus. Puis on est un peu devenus nos pires ennemis.
« Plus la compétition avancera, plus les matchs vont se compliquer, donc il faut qu’on enchaîne nos séquences. On a marqué de très beaux essais, mais il faut savoir sortir de notre camp et se réorganiser. C’est devenu un match un peu trop décousu.
« On a joué deux matchs. Si on va à Londres, ça en fera quatre autres dans ce tournoi. »
Juan González, sélectionneur de l’Espagne
« On a eu beaucoup d’occasions de marquer. On en a concrétisé, mais surtout en première mi-temps, on a raté deux sorties et l’Irlande a marqué deux fois. Au début de la seconde, pareil. Mais je suis fier que les filles aient continué de se battre jusqu’à la dernière minute.
« On est ici pour montrer au monde comment on joue au rugby et pour avoir un vrai impact pour les filles espagnoles à la maison. Si on peut réussir ça avec une victoire contre le Japon, ce sera vraiment formidable. »
La stat du jour
L’Irlande peut remercier son pack : 100 % de réussite en mêlée et en touche, et 98 % de réussite sur les mauls. Tout est dit.
La suite
Si la Nouvelle-Zélande bat le Japon dans son deuxième match de poule, l’Irlande sera assurée d’un quart de finale avant même d’affronter les championnes du monde en titre le week-end prochain — ce qui transformerait ce duel en finale pour la première place.
L’Espagne, de son côté, ne peut plus se qualifier mais les Leonas auront une vraie opportunité de décrocher une victoire tant attendue en Coupe du Monde lors de leur dernier match face au Japon.