J’écris ces lignes dans le bus, en route pour un trajet de six heures de York à Brighton. Et franchement, ça me laisse le temps de réfléchir à ces trois dernières semaines qui ont été incroyables ici en Angleterre.
Mais pour pouvoir se projeter, il faut parfois regarder en arrière. Et quel match de folie le week-end dernier contre les États-Unis ! Les deux équipes ont sorti leur meilleur rugby, et on savait que ce ne serait pas simple : les Américaines montent en puissance à XV.
On a mené de sacrées batailles face à elles ces deux dernières années, et ce match à York avait tous les rebondissements possibles. Après le coup de sifflet final, plein de gens sont venus nous dire à quel point le match était génial à regarder.
De notre côté, on retient surtout les leçons. On aurait pu le gagner, ce match, mais notre discipline, surtout en deuxième mi-temps, nous a coûté cher. J’avais l’impression que peu importe l’avance qu’on prenait, les Américaines trouvaient toujours un moyen de revenir. Et nous aussi, d’ailleurs.
C’est ma toute première Coupe du Monde, et pour l’instant, je savoure chaque instant. C’est exactement ce que j’avais imaginé. J’ai commencé le rugby assez tard, donc me retrouver aujourd’hui sur la plus grande scène du monde, c’est surréaliste. Et je profite de chaque seconde sous ce maillot.
Oui, c’est cool de marquer des essais, mais je dois aussi beaucoup à mes coéquipières. Caitlyn Halse est une ado incroyable qui m’ouvre des espaces, et toutes les filles autour d’elle font le job aussi. C’est un vrai travail d’équipe.
Et puis, quel soutien à York ! Match à guichets fermés, une ambiance de folie dans le stade, parfois assourdissante. Après le match, on a pu dire merci au public. On a senti qu’il y avait plein de fans anglais ou juste des supporters de rugby qui nous encourageaient. Ça rend l’ambiance encore plus électrique.
On a aussi été super bien accueillies dans le nord de l’Angleterre. Depuis notre arrivée à Manchester, l’hospitalité dans les hôtels, les infrastructures d’entraînement, les stades… Franchement, on sent qu’on est dans un tournoi de très haut niveau.
En dehors du terrain, on a aussi eu le temps d’explorer un peu les villes. Lori Cramer, c’est un peu notre guide touristique, notre "papillon social" en tournée. Elle connaît bien l’Angleterre pour y avoir déjà joué, alors on suit son programme : chasse au trésor dans Manchester, karaoké sur les chansons de Wicked… vous voyez le genre.
Petite info croustillante : elle traîne aussi ses fameuses claquettes en forme de poisson. Mais bon, elle les garde pour l’hôtel ou les entraînements. Vous ne les verrez jamais un jour de match, rassurez-vous.
Dans ma première semaine ici, je suis aussi allée voir un match de cricket du tournoi The Hundred, et j’ai retrouvé Phoebe Litchfield, une joueuse de l’équipe de cricket australienne. On avait fait un petit cross-promo ensemble avant de partir pour la Coupe du Monde. D’ailleurs, c’est Beth Mooney, autre star du cricket, qui nous avait remis nos maillots avant le match contre les Samoa. Une belle touche australienne dans notre campagne !
À York, je suis passée par le centre viking de Jorvik pour découvrir un peu l’histoire de la ville. D’autres filles sont allées au Donjon de York, et elles sont visiblement encore vivantes pour en parler !
Mais maintenant, cap sur Brighton. C’est un match qu’on attend depuis longtemps. J’ai fait mes débuts internationaux contre l’Angleterre lors du WXV 1 en 2023, et je m’en souviendrai toute ma vie. Affronter les Red Roses, pays hôte, numéro 1 mondial, c’est un honneur. On veut jouer contre les meilleures pour apprendre à battre les meilleures. Et on sait que la suite ne sera pas simple si on veut aller au bout.
Je ne suis pas une experte en maths, mais il y a plusieurs scénarios possibles ce week-end pour notre qualif en quart. L’idéal, ce serait de gagner. Sinon, il faut marquer au moins quatre essais pour choper le bonus offensif.
Si on n’y arrive pas, ça se jouera à la différence de points avec les États-Unis, avec qui on a fait match nul. Pour les supporters, c’est un super scénario de fin de phase de poules. Et nous, on a l’avantage de connaître nos objectifs avant d’entrer sur le terrain. Tant qu’on garde la main sur notre destin, c’est l’essentiel. Limiter les Red Roses au max et marquer des points, c’est le chemin vers les quarts.
Penser qu’on va jouer devant plus de 30 000 personnes… c’est juste fou. Ils ne seront peut-être pas tous pour nous, mais ça montre bien l’impact que ce tournoi a en Angleterre. Il faudra aussi gérer ça mentalement. Mais au fond, c’est pour ce genre de moments qu’on joue : les gros matchs, contre les meilleures.
Que vous soyez au stade, devant la télé ou à l’autre bout du monde, ce sera un grand moment. Sans doute un des plus gros matchs de nos vies, ce samedi soir.
À très vite !
Desiree