TWICKENHAM – L’Angleterre est championne du monde ! Devant un Allianz Stadium à guichets fermés, les Red Roses ont offert une démonstration de vitesse, de puissance et de panache qui a fini par faire plier le Canada.

Le film du match

De leur pack irrésistible, emmené par Alex Matthews auteure de deux essais, à une ligne arrière dynamisée par Ellie Kildunne, les Anglaises ont sorti le grand jeu au moment décisif pour soulever le trophée de la Coupe du Monde féminine pour la troisième fois de leur histoire – la première depuis 2014.

L’Angleterre abordait cette finale forte d’une série record de 32 victoires consécutives, mais les 81 885 spectateurs massés dans l’enceinte – un record mondial pour un match de rugby féminin – n’avaient pas oublié que les Red Roses avaient chuté en finale en 2021 après une série tout aussi impressionnante. Les Canadiennes ont d’ailleurs frappé les premières, par l’intermédiaire de l’ailière virevoltante Asia Hogan-Rochester.

Mais quand il fallait une réponse, Ellie Kildunne s’est chargée de calmer les esprits. La meilleure joueuse du monde en titre a illuminé « sa » Coupe du Monde à domicile, mais son essai restera comme un chef-d’œuvre. Partie depuis la ligne médiane, elle a éliminé deux défenseuses avant de transpercer la défense et d’aplatir.

L’Allianz Stadium a explosé et le pack anglais a pris les commandes. L’incontournable maul pénétrant – que le Canada, comme toutes les autres équipes, redoutait sans trouver de parade – a fait son œuvre. La talonneuse Amy Cokayne a d’abord aplati, imitée ensuite par Matthews, servie dans l’intervalle par une offrande géniale de la demi de mêlée Natasha Hunt.

Les Canadiennes ont résisté tant bien que mal jusqu’à la pause, mais l’écart de 21-8 en faveur de l’Angleterre ne reflétait qu’imparfaitement sa domination.

Le retour des vestiaires n’a rien changé : Abbie Ward a corsé l’addition cinq minutes après la reprise, profitant une fois encore du travail de sape de ses avants.

Le Canada, impressionnant tout au long du tournoi, a tout de même trouvé les ressources pour réagir. Hogan-Rochester a signé un doublé en profitant d’une supériorité numérique après le carton jaune infligé à Hannah Botterman.

Mais après dix minutes de résistance intense, les Anglaises ont repris leur marche en avant. Matthews a inscrit son deuxième essai de la soirée à onze minutes du terme, scellant définitivement le sort de la finale.

Cruel dénouement pour le Canada, battu par l’Angleterre pour la deuxième fois en finale de Coupe du Monde.

Explosion de joie en revanche pour le pays hôte, dont les célébrations ne font que commencer.

Joueuse du match Mastercard

Immense offensivement et défensivement, la troisième ligne aile Sadia Kabeya a réussi pas moins de 20 plaquages et a assuré le lien avec une ligne arrière étincelante. Marquée par l’expérience douloureuse d’une finale de Coupe du Monde perdue, la joueuse de 23 ans a savouré avec bonheur le fait d’être désormais championne du monde.

« C’est incroyable. Je veux remercier tous ceux qui sont venus aujourd’hui. Vous étiez notre 16e joueuse sur le terrain. On vous est tellement reconnaissantes. », a confié Kabeya. « Le Canada est une grande équipe. On les a fait travailler dur, on a fait les bonnes choses et ça s’est vu sur le terrain.

« C’est juste magique, un vrai moment où on se pince pour y croire. Mais ça fait des années qu’on travaille pour ça et je suis ravie qu’on ait réussi.

« Tout ce que je peux dire c’est : big up South London ! »

Les déclarations

Zoe Aldcroft, capitaine de l’Angleterre
« C’est absolument incroyable, surtout de le faire ici à la maison. Je suis tellement fière de chacune des filles. On a tout donné sur le terrain et je ne les remercierai jamais assez d’avoir mis leur corps en jeu. Il y avait 82 000 personnes dans le stade. Je les remercie du fond du cœur, ainsi que tous ceux qui nous ont suivies à la télé.

« Une partie de notre mission, c’était d’inspirer ces jeunes filles. On a parlé de réinventer le rugby féminin. On veut que plein de jeunes se mettent au rugby, au foot, ou qu’elles fassent simplement ce qu’elles veulent dans la vie. Si tu rêves grand, tu peux y arriver. Et aujourd’hui, on a rêvé grand. »

John Mitchell, sélectionneur de l’Angleterre
« C’est l’aboutissement de trois années de travail. Le passé conditionne le présent et les filles ont tenu bon tout au long du tournoi, en créant un vrai lien avec la nation. Défensivement, je nous ai trouvées remarquables ; notre attaque n’a pas eu besoin d’être parfaite, mais elle a été suffisamment efficace pour aller chercher le titre. »

« On avait énormément de respect pour le Canada. Leur spécialité c’est de jouer vite autour des rucks, mais je trouve qu’on a parfaitement exécuté notre plan dans ce secteur. Elles ont perdu leur avancée à plusieurs reprises. C’est une belle équipe, mais elles ne nous avaient pas encore affrontées et nous étions prêts. »

Alex Tessier, capitaine du Canada
« Bravo à elles, elles nous ont mises sous pression, surtout sur les mêlées. Parfois, on ne savait pas trop quoi faire. Évidemment, quand la mêlée ne tourne pas en votre faveur, ça complique beaucoup les choses. Mais chapeau aux filles, elles ont fait un super boulot tout au long du tournoi. Félicitations à l’Angleterre qui nous a dominées en mêlée.

« On a un peu mal commencé, on a eu du mal à trouver notre rythme et parfois la connexion n’était pas là. On n’a pas paniqué, mais on n’a pas réussi à vraiment poser notre jeu et je pense que ça nous coûte le match sur la durée. »

Kevin Rouet, sélectionneur du Canada
« Elles étaient pile au rendez-vous, c’était leur meilleure performance du tournoi, en finale. Que dire ? C’est une très bonne équipe, bien en place, et aujourd’hui la meilleure équipe a gagné.

« Je pense qu’elles ont simplement été meilleures que nous. Contre l’Angleterre, si tu ne marques pas quand tu en as l’occasion, tu ne peux pas gagner.

« J’espère que l’avenir sera brillant, mais on sait aussi que parfois on est vite oubliés et qu’il faudra peut-être attendre encore quatre ans. »

La stat du jour

33 : c’est le nombre de matchs consécutifs sans défaite pour cette équipe d’Angleterre, un record mondial. Et nul doute que cette victoire est la plus précieuse de toutes.