Le sport féminin au Royaume-Uni vit un moment unique : audiences record, affluence croissante dans les stades, essor du sport amateur et nouveaux parcours professionnels. Mais l’ensemble du secteur se prive encore de candidatures, freiné par l’idée que les carrières y sont difficiles d’accès, selon une nouvelle étude menée par la Coupe du Monde de Rugby féminine 2025 dans le cadre de sa campagne « Where We Belong ».
En collaboration avec UK Sport, cela a conduit à l’élaboration d’un manifeste appelant à une meilleure inclusion dans l’industrie du sport au Royaume-Uni. Ce manifeste demande aux responsables au sein de la filière sportive de s’impliquer davantage, de renforcer les pratiques de gestion et de recrutement, et de défendre un accès ouvert aux opportunités pour les femmes et les groupes sous-représentés.
Initiée par la Coupe du Monde de Rugby féminine 2025 en Angleterre, cette étude cherche à identifier des enseignements clés pour aider les futurs grands événements sportifs et l’ensemble du secteur à exploiter pleinement leur potentiel. Elle révèle un intérêt marqué pour les carrières dans le sport : près de trois adultes sur cinq (59 %) en Grande-Bretagne se disent prêts à postuler pour un emploi dans ce domaine. Toutefois, des obstacles particuliers demeurent pour les femmes et pour les personnes issues de milieux socio-économiques modestes.
Un peu moins d’une femme sur deux (48 %) déclare qu’elle candidaterait pour un poste dans le sport, contre plus de sept hommes sur dix (72 %). L’écart est aussi net sur le sentiment de pouvoir être soi-même dans un environnement professionnel sportif (49 % des femmes contre 72 % des hommes) et sur la confiance d’avoir les bonnes qualifications pour postuler (44 % contre 63 %). Les hommes sont également plus nombreux à avoir participé à des initiatives destinées à ouvrir l’accès aux carrières dans l’industrie du sport (38 % contre 20 %), ce qui souligne les problèmes d’accessibilité dans tout le secteur.
L’accès au secteur sportif reste difficile, selon l’étude. Une majorité de répondants trouvent attractif un emploi dans le sport, mais ils ne sont que 39 % à estimer qu’il est « facile » d’y construire une carrière. Pour les femmes en particulier, le sport apparaît moins séduisant que d’autres domaines. Elles sont bien plus nombreuses à considérer des carrières dans la santé (63 %), les médias et le divertissement (66 %), ou encore l’éducation (63 %).
Les écarts sociaux sont tout aussi marqués et travailler dans le sport est souvent considéré comme élitiste. À peine 19 % des répondants dont les parents n’ont pas fait d’études supérieures (considéré comme un marqueur socio-économique) jugent qu’une carrière dans le sport est accessible. En comparaison, chez les enfants de diplômés, ils sont 60 %.
Les perceptions de l’inclusion varient fortement. Un peu moins de six femmes sur dix (58 %) et 56 % des personnes issues d’un milieu socio-économique modeste estiment que l’industrie du sport accueille des individus de tous horizons. Les femmes asiatiques affichent la perception la plus basse (53 %). Chez les minorités ethniques, les écarts sont marqués : 87 % des répondants noirs se disent confiants, contre 67 % des répondants asiatiques.
L’équité dans le recrutement est également remise en cause par les femmes. Près de sept hommes sur dix estiment que les organisations sportives recrutent de manière équitable auprès de toutes les communautés, contre un peu plus de la moitié (55 %) des femmes.
Pour répondre aux obstacles rencontrés par les groupes sous-représentés dans l’accès au secteur sportif, la Coupe du Monde de Rugby féminine 2025 a formulé une série de recommandations.
Le secteur a besoin de plusieurs mesures concrètes :
- Des parcours structurés et rémunérés, accessibles sans exiger d’expérience préalable dans l’industrie
- Une progression de carrière transparente, avec des plans clairs indiquant comment évoluer dans les métiers du sport
- Un recrutement accessible, avec des offres de postes largement diffusées
- Enfin, la Coupe du Monde de Rugby féminine 2025 appelle le sport britannique à se fixer des objectifs en matière de diversité mesurables et à en rendre compte, afin de garantir une véritable responsabilité
La Coupe du Monde de Rugby féminine 2025 se sert du tournoi comme d'une plateforme pour favoriser l’accès des personnes issues de milieux sous-représentés à l’industrie du sport. Le tournoi propose ainsi des opportunités de carrière via des stages et du bénévolat, offre des formations sur l’inclusion à l’ensemble du personnel, collabore avec des partenaires pour défendre les groupes en minorité et intègre la valeur sociale comme critère essentiel dans tous ses appels d’offres.
L’équipe dirigeante et le conseil d’administration du tournoi sont majoritairement composés de femmes. De plus, la Coupe du Monde de Rugby féminine 2025 a multiplié les opportunités pour les femmes dans les missions à remplir les jours de match : arbitres et déléguées, commentatrices, photographes, responsables de la sécurité et des forces de l’ordre, DJ. Même l’équipe chargée de préparer la pelouse pour la finale sera entièrement féminine.
Sarah Massey, directrice générale de la Coupe du Monde de Rugby féminine 2025, a déclaré : « Notre étude confirme ce que beaucoup pensent déjà : les emplois dans le sport n’attirent pas un vivier de talents assez large. Pour un tournoi comme le nôtre, disposer d’une équipe diversifiée est essentiel. Cela permet d’élargir les perspectives et de toucher de nouveaux publics. Nos travaux montrent que les groupes sous-représentés se projettent moins dans une carrière sportive. Mais cela ne doit pas être une fatalité. Les dirigeants et les partenaires de l’industrie ont le pouvoir de défendre l’inclusion à travers des actions concrètes, d’ouvrir davantage le sport et de renforcer nos cultures, nos équipes et nos pratiques de recrutement. »
Esther Britten, directrice des grands événements à UK Sport, a ajouté : « UK Sport s’engage à créer un système sportif aussi divers et inclusif que possible, à tous les niveaux. Les événements sportifs sont une plateforme incroyablement puissante pour célébrer et mettre en avant la richesse de nos différences, et la Coupe du Monde de Rugby féminine 2025 l’a parfaitement démontré. Nous souhaitons que chaque événement sportif que nous organisons soit pensé, promu et développé de manière inclusive. Cet engagement traduit notre volonté d’utiliser notre rôle de leader dans l’industrie pour accélérer le changement dans l'ensemble de la filière. »