Nous voilà dans les phases finales. La moitié des équipes ont déjà quitté la compétition. Certaines avec la fierté d’avoir tout donné, d’autres avec ce sentiment qu’il restait encore un peu de carburant dans le réservoir.
La stat de la semaine
Les Black Ferns ont déjà marqué de leur empreinte ce tournoi. Elles ont parcouru 3 792 mètres ballon en main. C’est plus que n’importe quelle autre équipe et même 68 mètres de plus que la hauteur de l’Aoraki, le plus haut sommet de Nouvelle-Zélande. Ce volume de courses leur a offert 24 essais. Impressionnant, mais derrière la France (26) et l’Angleterre (32). Comment expliquer qu’avec autant de mètres parcourus, elles marquent moins que leurs rivales ? Pour comprendre, il faut regarder l’origine des essais.
Près de 39 % des essais prennent leur source en général sur des touches, 35 % après des turnovers et 17 % sur des mêlées. Ca, c’est la moyenne. Chez les quarts de finalistes, chacun impose sa marque. L’Irlande inscrit 69 % de ses essais sur des touches. L’Afrique du Sud en marque 56 % sur des ballons grattés. La France, elle, domine sur les mêlées : 31 % de ses essais en viennent.
Et la Nouvelle-Zélande dans tout ça ? L’Angleterre illustre bien le contraste. Son deuxième essai du week-end est parti d’une touche à l’entrée des 22 australiens, obtenue après une pénalité à mi-terrain. Le troisième, d’une touche à 5 mètres, conséquence d’une mêlée dominante dans les 22. Des séquences courtes, mais terriblement efficaces. À l’inverse, les deux premiers essais des Black Ferns sont venus de courses lancées depuis le milieu du terrain. Sur l’ensemble du tournoi, l’Angleterre a parcouru 904 mètres de moins que la Nouvelle-Zélande… tout en inscrivant huit essais de plus.
Alors, qui a raison ? Impossible de trancher aujourd’hui. Peut-être que la réponse viendra lors d’une éventuelle finale entre ces deux nations. Ce que l’on peut dire, c’est que cela reflète deux philosophies. L’Angleterre bâtit sa domination sur la conquête et la défense. En gagnant les touches, les mêlées, en imposant une énorme pression défensive, elle se crée ses occasions sans avoir besoin de longues courses à risque. Mais si elle perd la main sur ces secteurs, la qualité de ses possessions chute immédiatement.
La Nouvelle-Zélande présente des forces et des faiblesses inverses. Sa capacité à avancer et à marquer depuis son propre camp met l’adversaire sous pression constante, sans possibilité de rendre le ballon n’importe comment au pied. Mais les meilleures équipes du monde ne rendent jamais de ballons faciles et savent étouffer l’adversaire dès la récupération. Il existe mille façons de jouer au rugby, et les plus grandes équipes s’enorgueillissent de pouvoir toutes les contrer.
Dans le mille
À l’approche des phases finales, la probabilité qu’un match se joue sur la précision face aux perches augmente. Dans ce cas, qui a le plus de chances de réussir le coup de pied de la gagne ? Parmi les huit quarts de finalistes, l’écart est net : l’Australie affiche le meilleur taux (76 %), l’Écosse le plus faible (57 %). Curieusement, seules dix pénalités ont été tentées depuis le début du tournoi, dont trois par le Brésil.
L’Angleterre domine en volume avec 24 coups de pied réussis, le total le plus élevé, mais aussi huit échecs, le troisième plus lourd bilan. Un détail qui pourrait peser lourd lors du quart de finale entre la France et l’Irlande. Lors du Tournoi des Six Nations 2025, la France l’avait emporté de 12 points, mais son taux de réussite actuel n’est que de 61 %, le deuxième plus faible des qualifiés, contre 71 % pour l’Irlande. Le pied fera-t-il la différence ce week-end?
Ce n'est qu'un au-revoir
On ne les reverra plus dans ce tournoi, mais il reste l’occasion de saluer celles qui ont brillé malgré l’élimination de leur équipe. Voici les joueuses issues des nations sorties de la compétition qui dominent cinq catégories clés :
- Meilleure marqueuse : Freda Tafuna (USA), 30 points (6 essais)
- Plus de ballons portés : Francesca Sgorbini (Italie) & Rachel Johnson (USA), 49 courses
- Plus de franchissements : Aura Muzzo (Italie) & Lisa Neumann (Pays de Galles), 6 franchissements
- Plus de plaquages : Eshyllen Coimbra (Brésil), 55 plaquages (87,3 % de réussite)
- Plus de ballons grattés : Claudia Pena (Espagne) & Alex Callender (Pays de Galles), 4 turnovers gagnés