Bien démarrer
Nous avons abordé cette Coupe du Monde comme un long parcours à construire match après match. Le premier (victoire 65-7 contre les Fidji) était l’occasion de se mettre en route, de prendre confiance, d’emmagasiner du temps de jeu, de faire tomber la nervosité… Et ça a très bien marché. Nous n’étions pas particulièrement tendues et, forcément, avec Julia Schell qui a signé un match d’anthologie avec ses six essais, ça a beaucoup aidé.
Depuis, l’ambiance a évolué, mais sans vraiment changer. On bâtit notre confiance, on renforce notre groupe. C’est une équipe très soudée. On s’amuse, on profite de chaque instant passé ensemble, et c’est une part essentielle de notre démarche.
Bien sûr, il y a de la pression, mais on ne veut pas en rajouter inutilement à l’intérieur de notre bulle.
Le rugby, au fond, c’est une histoire de gens et de plaisir partagé : autour d’un repas, d’une danse, d’un petit moment inattendu. Ce sont ces instants légers qui renforcent les liens. Ils sont précieux.
Heureuses d’être outsiders… ou pas
On ne laisse pas ce qui se dit à l’extérieur entrer dans notre groupe. Peu importe ce qu’on raconte, ça ne nous atteint pas. On y est habituées. Ce n’est pas nouveau, et ça ne remet pas en cause notre confiance. On ne veut pas non plus en faire un moteur, parce que ce n’est pas ce qui compte pour nous.
Ce qui nous nourrit, c’est l’appui de ceux qui croient en nous : nos familles, nos amis, nos proches au pays. C’est ça qui nous donne de la force et qui nous fait grandir. Et on espère que de plus en plus de Canadiens pourront voir nos matchs, découvrir ce sport et y avoir accès. C’est ça, notre priorité.
Le fait que la fédération ait dû organiser des levées de fonds n’a jamais vraiment pesé sur nous, les joueuses. Notre objectif reste le même : faire de notre mieux avec ce qu’on a.
L’organisation a fait en sorte de nous donner tout ce dont on avait besoin. Ce n’est pas le grand luxe, mais honnêtement, nous sommes là pour jouer cette Coupe du Monde, donner le maximum et, on l’espère, soulever le trophée.
Le dernier défi
Oui, il y aura des nerfs. Mais cette équipe a de l’expérience : plusieurs ont disputé de grands matchs, certaines étaient déjà là en 2014 lors de la finale face à l’Angleterre, d’autres ont joué des finales ou des matchs pour la médaille aux Jeux Olympiques.
On sait donc que le trac sera présent, mais la pression est un privilège. On l’accueille avec plaisir. Une fois sur le terrain, elle disparaît. Elle se transforme en énergie.
Pour moi, revenir dans ce groupe après une pause est quelque chose de très spécial. J’ai fait ce choix pour une seule raison : être là, dans la plus grande compétition qu’il y ait jamais eue, retrouver cette culture de la gagne et le plaisir de jouer.
C’est un énorme privilège. J’espère que ce tournoi permettra au rugby au Canada de prendre une place plus importante dans le paysage sportif. Je le dis souvent : les Canadiens aiment le rugby, ils ne le savent juste pas encore.